Bénin–Nigeria : Une coopération bilatérale pour renforcer l’intégration régionale

Le 21 juin 2025, à l’occasion du tout premier Sommet Économique de l’Afrique de l’Ouest (WAES) à Abuja, les présidents Patrice Talon (Bénin) et Bola Tinubu (Nigeria) ont signé un accord de coopération renforcée entre leurs deux pays. L’ambition affichée est claire : poser les fondations d’une intégration bilatérale approfondie, avec l’objectif d’en faire un modèle reproductible à l’échelle de la CEDEAO.

Présenté comme un nouveau type de partenariat africain, cet accord entend améliorer les conditions de vie des populations, sécuriser les frontières et accélérer l’intégration régionale à travers des actions concrètes et coordonnées.

« Le président Tinubu et moi avons convenu d’une intégration complète entre le Bénin et le Nigeria. La responsabilité repose désormais sur nos ministres pour la mettre en œuvre. Le Bénin et le Nigeria sont plus que des jumeaux, nous sommes un seul et même peuple. Montrons à la région que l’intégration est possible. »
 — Patrice Talon, Président de la République du Bénin

Présidents Patrice Talon and Bola Tinubu

Le Bénin et le Nigeria partagent bien plus qu’une frontière de plus de 700 kilomètres. Leurs peuples sont liés par une histoire commune, des réseaux familiaux et commerciaux, des langues partagées, et une activité économique dense, notamment le long du corridor stratégique entre Cotonou et Lagos, l’un des plus actifs de la sous-région.

Pourtant, cette proximité géographique s’accompagne de freins persistants : complexité des formalités douanières, retards logistiques, manque de coordination sécuritaire… Autant d’obstacles que l’accord signé à Abuja vise à surmonter.

Concrètement, cette alliance repose sur quatre engagements structurants :

  • Faciliter le commerce transfrontalier, via la création de « corridors verts » et une simplification des procédures
  • Renforcer les infrastructures communes, notamment routières, portuaires et douanières
  • Coordonner les efforts de sécurité, face aux menaces partagées comme la contrebande ou l’instabilité régionale
  • Valoriser les liens humains et culturels, par des programmes d’échange, de coopération éducative et d’initiatives communautaires

Dans un contexte régional marqué par des crises politiques, des coups d’État militaires et un ralentissement des dynamiques d’intégration au sein de la CEDEAO, cette initiative apparaît comme un signal fort. Elle montre que, même en l’absence de consensus à l’échelle régionale, des avancées concrètes peuvent émerger de partenariats bilatéraux ambitieux, portés par une vision claire et une volonté politique assumée.

Alors que de nouvelles tensions commerciales se dessinent à l’échelle mondiale, sur fond de repli protectionniste, les nations africaines ont plus que jamais intérêt à défendre leurs priorités collectives en misant sur une intégration régionale pragmatique, tournée vers l’action.

Au-delà des considérations institutionnelles, l’enjeu central reste l’amélioration concrète des conditions de vie. Dans une région marquée par une croissance démographique rapide et des vulnérabilités sociales persistantes, l’intégration économique et politique constitue principalement un levier de stabilité.

« La pauvreté est la principale menace pour la démocratie, la sécurité et la stabilité. Si nous ne l’abordons pas par l’intégration, nos valeurs resteront creuses. »
 — Patrice Talon

Cet accord constitue une étape structurante, dont le succès se mesurera à l’aune de sa mise en œuvre effective. Il pourrait également servir de levier pour relancer la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), une initiative signée par 54 pays, mais encore freinée dans sa concrétisation par des retards tarifaires, des disparités institutionnelles et de nombreux défis logistiques.

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