Dans un monde en proie à une crise mondiale, l’agriculture et la sécurité alimentaire jouent un rôle crucial dans la survie des populations de certaines régions d’Afrique.
Malheureusement, plus de 41 millions de personnes en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale souffrent déjà d’une insécurité alimentaire et nutritionnelle sévère.
L’accès à l’alimentation constitue un défi majeur pour les populations les plus vulnérables, principalement en raison de l’augmentation significative des prix des denrées alimentaires de base.
Parmi les facteurs contribuant à cette situation alarmante, la hausse importante des prix des engrais occupe une place centrale. Ces derniers mois, les prix des engrais, des matières premières et de l’énergie ont grimpé en flèche en raison de l’impact de la pandémie de COVID-19, de l’augmentation des coûts mondiaux de transport et des tensions géopolitiques, notamment le conflit en Ukraine. Par ailleurs, le changement climatique et le manque de mécanisation de l’agriculture aggravent encore davantage la situation.
La santé des sols et l’utilisation appropriée des engrais jouent un rôle crucial à la fois dans le problème et dans la solution à cette crise alimentaire.
Le lien entre l’accès aux engrais, la dégradation des sols et la baisse des rendements agricoles crée un cercle vicieux d’appauvrissement.
Il est impératif de briser ce cercle de la pauvreté, car le secteur agricole représente une part importante de l’emploi, directement ou indirectement, dans de nombreux pays africains. Par conséquent, l’augmentation de la productivité agricole locale est essentielle pour amorcer la transformation économique de l’Afrique de l’Ouest.
Classé 99e sur 113 pays en matière de sécurité alimentaire selon l’Indice mondial de sécurité alimentaire 2022, le Togo fait face à une prévalence élevée de la sous-alimentation (insécurité alimentaire sévère dans la population) à hauteur de 18,8 %.
Avec ses 3,6 millions d’hectares de terres arables, soit 60 % de son territoire, l’agriculture joue un rôle crucial dans l’économie togolaise, représentant 40 % du PIB du pays et employant près de 65 % de la population active.
Conscient de cette réalité, le gouvernement togolais a placé le secteur agricole au cœur de son action, avec une vision claire exprimée dans sa feuille de route pour 2025.
La vision pour le secteur agricole est de faire de l’agriculture togolaise une agriculture « productive, à forte valeur ajoutée, génératrice de valeur économique pour les agriculteurs et de croissance à l’échelle nationale ».
Les objectifs de cette feuille de route sont ambitieux et incluent :
- l’amélioration de la productivité et des rendements agricoles,
- la garantie de la sécurité alimentaire au Togo,
- le renforcement des industries de transformation agroalimentaire et la promotion d’une agriculture à haute valeur ajoutée,
- l’amélioration de l’accès au financement et aux marchés pour les agriculteurs,
- les indicateurs opérationnels incluent la cartographie et la sécurisation foncière, des gains de productivité annuels de 8 à 10 %, et une augmentation de la balance commerciale au-delà de 120 milliards de FCFA.
À cet égard, le gouvernement togolais a récemment pris des mesures concrètes pour soutenir le secteur agricole, notamment :
- Dans le cadre de la campagne agricole 2022-2023, le gouvernement a annoncé l’achat de 76 000 tonnes d’engrais. Pour atténuer l’impact de la hausse des prix sur les agriculteurs, une subvention de 17 milliards de francs CFA a été mise en place. Le sac de 50 kg d’engrais, subventionné à hauteur de 13 000 francs CFA, est ainsi mis à disposition des agriculteurs au prix de 18 000 francs CFA, selon les données gouvernementales.
- Le Togo a alloué 13 milliards de francs CFA à la sécurité alimentaire en 2023. Ce montant, représentant 25 % du budget total alloué au ministère de l’Agriculture pour l’année 2023, est inclus dans le projet de loi de finances. En plus de stimuler la production locale, ces fonds permettront à l’Agence nationale de sécurité alimentaire du Togo de poursuivre sa politique d’achat et de stockage de céréales.
- En partenariat avec NutriSource, un groupe singapourien dirigé par Murari Rakshit, les autorités togolaises ont lancé une usine de production d’engrais. L’objectif est d’atteindre une production annuelle de 200 000 tonnes d’engrais NPK (azote, phosphore, potassium) sur la plateforme industrielle d’Adétikopé.
- Dans le cadre des programmes de résilience des systèmes alimentaires en Afrique de l’Ouest, en collaboration avec la Banque mondiale, le Togo s’engage à accroître la productivité agricole par l’adoption de technologies intelligentes face au climat, la promotion des chaînes de valeur intrarégionales, et le renforcement des capacités de gestion des risques agricoles. Les actions entreprises incluent la sécurisation de 34 000 tonnes d’engrais pour plus de 100 000 agriculteurs, dont 25 000 femmes, pour la campagne 2023-2024. Par ailleurs, une formation spécifique a été initiée pour 3 000 agriculteurs opérant dans les Zones d’Aménagement Agricole Planifié (ZAAP) du sud du Togo à travers des écoles de fermes agroécologiques. Cette formation vise à renforcer la durabilité des systèmes de production dans les ZAAP et la résilience des ménages bénéficiaires.
Il est encourageant de constater que certains gouvernements, comme celui du Togo, ont reconnu l’importance de la sécurité alimentaire et ont pris des mesures concrètes pour y faire face. En soutenant l’agriculture, en assurant l’accès aux engrais, en investissant dans la productivité agricole et en renforçant les capacités des agriculteurs, ces gouvernements témoignent de leur engagement à garantir la sécurité alimentaire de leurs populations.
L’insécurité alimentaire en Afrique demeure un défi majeur qui exige une attention et une action continues de la part des gouvernements. La crise actuelle, aggravée par la flambée des prix des produits alimentaires de base et les pressions environnementales, met en péril la vie de millions de personnes dans la région.
Il est crucial que d’autres gouvernements suivent cet exemple et mettent en œuvre des politiques et des mesures similaires pour lutter contre l’insécurité alimentaire. La sécurité alimentaire ne pourra être atteinte que par une approche holistique et durable intégrant des solutions à long terme visant à renforcer la résilience des systèmes agricoles, améliorer les pratiques agricoles durables et promouvoir un accès équitable aux ressources et aux marchés. Un engagement collectif et une action concertée des gouvernements et de l’écosystème du secteur privé permettront de relever les défis de l’insécurité alimentaire en Afrique et d’assurer un avenir plus sûr et plus prospère pour tous.