En décembre 2024, le Mali a inauguré sa première mine de lithium à Goulamina, située dans le sud du pays, marquant un tournant majeur pour son économie. La première phase de production vise à produire 506 000 tonnes de concentré de spodumène par an, avec des plans pour atteindre 1 million de tonnes lors de la deuxième phase. Reconnu comme l’un des plus grands gisements de lithium au monde, ce site a une durée de vie estimée à plus de 23 ans.
Le projet est détenu à 65 % par Ganfeng Lithium, un leader chinois de l’industrie, tandis que l’État malien et des investisseurs locaux possèdent respectivement 30 % et 5 %. Cette structure de propriété découle du nouveau code minier de 2023, qui vise à renforcer la participation nationale dans les projets stratégiques. La mine devrait générer environ 100 milliards de francs CFA (environ 160 millions de dollars) par an et garantir que les entreprises maliennes bénéficient d’au moins 51 % des contrats de sous-traitance, représentant un potentiel de 250 milliards de francs CFA par an. Ces revenus financeront également des infrastructures locales dans les domaines de l’énergie, du transport et de l’eau, améliorant ainsi les conditions de vie et soutenant le développement régional.
Avec le début de la production à Goulamina, le Mali devient le premier producteur de lithium en Afrique de l’Ouest, jouant un rôle clé dans la chaîne de valeur mondiale des technologies propres. Un second projet, à Bougouni, réalisé en collaboration avec Kodal Minerals, renforcera cet élan, consolidant la position du Mali sur le marché mondial en pleine expansion du lithium.
Contexte économique et social du Mali
Avec une population de plus de 22 millions d’habitants, le Mali s’est historiquement appuyé sur l’agriculture et les ressources naturelles, qui constituent les piliers de son PIB et de ses exportations. Cependant, le pays est confronté à des défis persistants tels que la pauvreté, une diversification industrielle limitée et une instabilité politique, qui freinent son développement durable.
La région sud, où se trouvent les projets de Goulamina et Bougouni, bien que plus développée que d’autres zones, doit encore faire face à des infrastructures insuffisantes, un accès limité à l’éducation et des disparités économiques. Les projets d’extraction de lithium offrent ainsi une opportunité de transformation économique et sociale pour cette région.
Implications régionales
Les projets de lithium au Mali ont le potentiel de remodeler profondément la région. En générant des revenus substantiels et en créant des emplois, ces initiatives stimuleront des secteurs stratégiques tels que le transport, la construction et la fabrication. Les investissements dans les infrastructures clés amélioreront l’accès aux marchés et aux services essentiels tout en réduisant les disparités régionales.
Sur le plan social, ces projets offriront des opportunités de formation essentielles et encourageront le développement des compétences locales, créant des emplois directs et indirects. De plus, les investissements dans l’éducation et les infrastructures communautaires joueront un rôle vital dans la réduction des inégalités et l’amélioration de la qualité de vie de la population malienne.
La position enclavée du Mali souligne l’importance de la coopération régionale pour surmonter les défis logistiques et exploiter les opportunités économiques. Alors que le Mali redéfinit ses alliances régionales, en s’éloignant notamment de la CEDEAO pour renforcer ses liens au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), il doit adopter une approche stratégique de la collaboration régionale. Les corridors de transport reliant le Mali aux ports du Sénégal, de la Côte d’Ivoire et de la Guinée resteront cruciaux pour faciliter l’exportation de lithium et d’autres ressources stratégiques. Ces routes offrent également des opportunités pour promouvoir une intégration plus profonde au sein du Sahel et au-delà. Par ailleurs, le transfert de connaissances et de technologies est essentiel pour garantir un développement équilibré et durable, amplifiant les bénéfices partagés à travers la région.
La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) offre un cadre transformateur pour intégrer le Mali dans des marchés africains plus larges. En réduisant les barrières commerciales et en harmonisant les cadres réglementaires, la ZLECAf permet au Mali de connecter son industrie du lithium aux chaînes de valeur africaines de la fabrication et de l’énergie, augmentant ainsi son potentiel commercial. Tirer pleinement parti de ce cadre renforcera la compétitivité économique du Mali et soutiendra le développement durable dans toute la région.
Un levier pour la croissance et l’intégration régionales
L’industrie du lithium pourrait devenir un moteur d’intégration et de croissance pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, consolidant la position du Mali dans la transition énergétique mondiale. Cependant, pour exploiter pleinement ce potentiel, il est indispensable de garantir une gouvernance transparente, de promouvoir des initiatives respectueuses de l’environnement et de renforcer la coopération régionale.
Ainsi, le Mali ne se limitera pas à être un simple producteur de lithium. Il a le potentiel de devenir un catalyseur d’une nouvelle ère de développement durable et d’intégration économique en Afrique.